Portrait d’Anne E. dite Wonder Womanne, Majore CAMABC 2019 du centre d’examen 77, qui roule en CB 1000 R

1) Ton parcours motard

Je ne m’explique pas du tout ce goût pour la moto que j’ai depuis… aussi loin que je me souvienne car personne dans mon entourage n’a jamais eu de moto. Pourtant, petite fille déjà, impossible de ne pas me retourner dès que j’entends un moteur vrombir.

Je devais avoir 7 ans, lorsque j’ai posé mes petites fesses sur une moto à l’occasion d’une petite fête de quartier. Un petit circuit ,des mini motos (des Pocket CBR) et plein de petits garçons qui font la queue … moi aussi   je veux absolument y aller. Je suis la seule fille et alors …. je fini 2éme du concours  ! Mmm, le goût de ces bonbons gagnés ce jour là… !

Pas de mobylette pour moi mais à 18 ans je veux passer mon permis moto : vivre mon rêve. Malheureusement je me heurte à un refus catégorique de ma mère qui me répond que c’est « beaucoup trop dangereux et, en plus, surtout pas pour les filles » ! Je suis tellement dégoûtée de cette fin de non recevoir que je ne passe même pas mon permis voiture non plus, à quoi bon ?! Quelques années plus tard, je deviens maman, j’en conviens, il faut avoir le permis voiture. Après ce premier permis, jeune maman, je me dis que je devrais profiter de mon code pour passer le permis moto. Mais le fait est que le temps et les moyens manquent.

Ce n’est que plusieurs années plus tard que l’idée revient à la charge au point de franchir le cap. J’ai 38 ans et pour fêter ma nouvelle vie de maman solo,  cette fois je me lance. Le code, les cours pour le plateau… olala, je me souviens de mon tout premier cours où je passe les 3/4 du temps sur béquille centrale à m’exercer à passer les vitesses. A la fin de la séance j’ai droit à quelques lignes droites puis je m’arrête au bout pour que le moniteur fasse le demi-tour et je repars dans l’autre sens. Je suis si crispée, la moto est lourde me semble-t-il… ça va être laborieux ! Soutenue par cet autre élève, Alain (il a 50 ans) il m’aide beaucoup. Pour les gars ça semble si facile mais pas pour moi, il faut que certains déclics se fassent avant d’arrêter de tomber au parcours lent ( je ne connais pas le PDP !) et je finis par me demander si c’est fait pour moi, la moto. Mon Moniteur me dit « on ne te présentera à l’examen que quand tu seras prête », … 50 heures plus tard. Ce jour là je suis avec 4 petits jeunes, très surs d’eux. Moi je n’en mène pas large, il y a si longtemps que j’attends ça. J’ai mon plateau du premier coup… les 4 jeunes sont recalés, j’admets que c’est une petite revanche alors que quelques minutes avant j’étais regardée comme « la blonde qui… », presque leur mère. La circu’, ça je la vis comme une balade, cool.

Nous sommes en octobre 2013 et je vais pouvoir vivre mon rêve avec ma première machine, commandée une semaine plus tôt, un Hornet noir mat et doré (trop belle!)… ma nénette…..Une moto trop puissante pour les jeunes permis me disent les assurances….  Honda sont les seuls à accepter de m’assurer sur la base de mon âge:  Une femme de raison …… Tout de suite je roule mais je sais que les 6 premiers mois de pratique sont les plus critiques. Je coche donc les mois sur mon calendrier espérant franchir l’étape sans encombre.

Je me souviens de ma première balade avec un ami, j’ai une grosse appréhension, rentrée de nuit et sous la pluie, c’est difficile mais je m’accrochais à mon rêve. Je multiplie les sorties avec des groupes trouvés sur Facebook mais ça ne me convient pas, ça roule trop fort, c’est le bazar, je subis.

Ça fait juste 4 mois que je roule quand je commence à mieux sentir ma machine….. J’arrive trop vite dans un virage, à l’approche d’un rond point, je fixe un poteau qui est là, je dévie de ma trajectoire, monte sur une bute de terre, je fais un jolie salto avant de chuter lourdement sur l’épaule, tel un pantin. Je n’étais pas prête du tout à ça ! Aujourd’hui je sais comment j’aurais pu éviter, rattraper ou minimiser la situation mais pas à ce moment là ! Ma seule véritable inquiétude sur le moment c’est ma moto , le garage me rassure mais la douleur de la pilote  se réveille : diagnostique Dysfonction claviculaire, la blessure des motards .. je suis presqu’une vraie maintenant sauf qu’après ma chute c’était plus pareil.  

2) Pourquoi es-tu venue à la CASIM ?

Je chute en février, comme raconté plus haut, mais je tiens à être remise d’aplomb pour pouvoir participer au rassemblement Toutes-En-Motos que j’avais vu l’année précédente. C’est très important pour moi.

Le jour J, sur place, pour des soucis d’organisation, on me demande de manœuvrer ma moto pour la déplacer mais j’ai encore mal à l’épaule. Et puis j’ai la trouille de la faire tomber et ne sait pas trop comment m’y prendre. Comme je galère, un gentil Monsieur s’approche de moi pour m’aider. Puis on échange quelques mots et il me parle de l’asso’ de perfectionnement moto dont il fait parti à la 78. Il m’encourage à me renseigner.

Ce soir là quand je rentre chez moi je cherche immédiatement sur Internet « CASIM ». Au descriptif je me dis que c’est exactement ce qu’il me faut pour soigner mes inquiétudes et mes lacunes.

Quelle déception quand on me dit que je ne peux pas venir tout de suite, que je suis en liste d’attente pour la rentrée suivante !

Alors quand dans l’été je reçois mon inscription je suis folle de joie. Autant que si j’avais réussis un concours ou un examen de la plus haute importance !

3) Que t’a-t-elle apportée ?

Une conscience plus aiguë du danger. Pas très longtemps après mes débuts je portais ma fille qui était très demandeuse et me demandait même de rouler plus vite. Aujourd’hui elle ne le souhaite plus trop et j’avoue que ça m’arrange car je n’y tiens plus tellement quand on sait tout ce qu’on sait.

Je peux aussi m’adonner à un autre plaisir motard : le circuit sur lequel je vais avec ma deuxième machine : un CBR 600 RR. J’ai découvert ça d’abord avec les Darck Angel (c’est un club féminin ou j’ai rencontré Natacha, monitrice de la Casim 78) et depuis j’y vais plusieurs fois par an. Je suis tombée une fois sur le circuit de Carole et depuis j’ai un peu de mal à dépasser une certaine crainte… mais je me soigne !

Tout comme le vertige que la CASIM me permet d’éprouver grâce aux WE Montagnes dans les Vosges ou du Jura.

Mais revenons au début : je me souviens très bien de ma première journée à la CASIM 77. Impatiente mais aussi un peu fébrile. Et puis je suis très impressionnée par tous ces Animateurs, des Motards avec une solide expérience qui maîtrisent leur sujet. Même si ce jour là je ne fais pas tous les exercices proposés je sais tout de suite que cette asso’ est géniale et que c’est exactement ce qu’il me faut. Et cette ambiance ! Les Animateurs sont beaucoup dans l’humour et jamais dans le mépris face à nos difficultés. Pour autant à ce moment là je suis assez effacée, je n’ose pas trop blaguer avec eux parce qu’ils m’intimident, tout au plus avec les autres Stagiaires.

Après beaucoup d’ateliers, quelques chutes aussi (surtout dans les 8), grâce aux déclics provoqués par certains Animateurs j’ai progressé. Suffisamment pour passer le VISA 1 la première année, puis le VISA 2 la deuxième année.

Je suis aussi devenue Bénévole à la Commission Loisirs pour apporter mon aide à l’organisation des balades. Du moins sur les parties administratives car je n’ai pas de GPS et ne savais pas constituer un road.

Le VISA 2 en poche je suis devenue Aide-Animatrice mais durant plusieurs saisons j’avoue que je ne savais pas trop comment aider vraiment, quel était mon rôle ?

Au bout de 3 ans ainsi, ma copine Natacha (de la 78) passe et obtient le CAMABC. Elle m’y encourage et le fait qu’elle l’ait eu plante une graine dans ma tête : c’est à la portée d’une femme aussi ! C’est ainsi que je me suis lancée dans cette folle aventure.

Quoi qu’il arrive la CASIM fait partie de mes priorités, autant que ma famille ou mon travail. Elle me donne la pêche, toujours !

Jouir de cette chance extraordinaire, de toutes ces merveilleuses rencontres que je n’aurais jamais fait sinon… Quand je rencontre des motards j’ai beaucoup de mal à ne pas les saouler avec cette asso si chère à mon cœur, avec la sécurité aussi, naturellement !

JE SUIS CASIM !

4) Tu es toute nouvelle Animatrice, Majore 2019 au centre d’examen 77, comment as tu vécu cette aventure qu’est le CAMABC et pourquoi t’investir dans cette asso?

Préparer le CAMABC en 2018 m’a véritablement permis de prendre ma place en tant qu’Aide-Animatrice, je comprends mieux ce que je peux faire et surtout comment. Nous sommes 4 à le passer, nous formons : « les Mousquetaires », on se soutient, s’entraide beaucoup, un lien s’est tissé entre nous très puissant. Les 3 autres Candidats m’aident autant qu’ils le peuvent, surtout en mania’ lente : ma bête noire. 2 sur 4 obtiennent le CAMABC… pas moi ! Nous sommes en avril 2018 et il est vraie que, un peu obstinée, je refuse d’utiliser la CASIMoto (un ER6) pour passer l’examen. Je tiens à l’obtenir avec mon CBR… qui n’est pas des plus maniable. Même si ma note générale est satisfaisante, celle en mania lente me plante.

Déçue ? Oui certainement ! Mais loin de m’anéantir, j’étais préparée à cet échec alors au contraire ça m’a boostée encore plus pour le repasser dès l’année suivante, en avril dernier.

Je savais qu’il fallait encore plus me préparer. J’ai aussi changé de moto pour un CB1000R et en mania’, y’a pas photo, j’ai tout de suite sentie que je pourrais atteindre mon objectif : avoir une note suffisante pour valider mon diplôme. J’ai demandé à William d’être mon tuteur, mon Parrain ce qu’il a accepté. Cette année la prépa’ était différente grâce aux idées qui ont germé dès l’an dernier. Les copains de promo de l’année 2018 m’ont aidé, les Animateurs ont été très présents dans notre préparation, y compris en partenariat avec la 78 certaines fois. J’ai eu la chance d’être bien incluse dans la préparation et l’organisation d’ateliers pour nos Stagiaires. Tout en étant guidée, on m’a fait confiance en m’en donnant certains en charge. Ça met la pression, surtout quand il s’agit d’organiser la première journée de rentrée et qu’il faut prendre la parole devant beaucoup de personnes mais quelle plaisir que de recevoir en récompense les sourires des participants ! Ces satisfactions sont des cadeaux pour la Bénévole que je suis, c’est ce qui apporte du sens à ce que je fais en m’impliquant pour cette asso.

Quand le jour J est arrivé, j’ai appliqué LE conseil de mon Parrain : profite de cette journée, fais comme si c’était une journée de CPM habituelle. En pedago’, j’ai vraiment oublié que j’étais en examen. Un Elève-Cobaye que je ne connais pas et qui ne connaît pas encore la CASIM (un tout neuf quoi!), il est très sympa et nous avons un bon échange. Il s’inquiète de me faire rater mon examen sous prétexte qu’il ne se sent pas un motard assez chevronné pour réussir les exercices que je lui propose. En effet, il manque plusieurs fois de perdre l’équilibre mais c’est l’occasion pour moi de l’assurer et de lui éviter la chute (je ne le lâche pas d’une semelle) ce qui est tout de même cruciale. Ma note en pédago n’est pas aussi exceptionnelle que l’an dernier car j’aurais pu aussi lui donner des recommandations de base sur son équipement mais c’est assez honorable quand même. Surtout, et c’est là que je tiens MA victoire personnelle, c’est qu’en mania’ lente j’ai fais un sans faute ! Certes avec ma nouvelle machine (et oui, je ne voulais toujours pas de la CASIMoto!) c’était un peu plus facile mais surtout avec encore plus d’entraînement j’ai dépassé mon objectif.

Du coup, juste avant l’annonce des résultats j’avais dans l’idée que ça devrait le faire cette fois. Mais Majore ??? Alors ça… comme quoi il ne faut pas se laisser abattre : l’an dernier je ne l’avais pas et cette année je l’obtiens et en ayant la meilleure note ? J’ai encore du mal à réaliser ! Toutes mes affiches de préparation accrochées aux murs chez moi attestent de mon acharnement. Ne dit-on pas que l’important n’est pas de trébucher mais de savoir comment tu te relèves ? Mais seule je n’aurait pas pu obtenir un tel résultat c’est certain : Mon parrain William, mes bibiches Roland et Michel, mon grigri d’amour Domi (mon porte bonheur) , Antoine et ma bichette  ont cru en moi et m’ont tellement entouré.

Preuve de l’investissement intense à mes côtés : l’émotion de mon ami Roland, l’un des Mousquetaires.

Et maintenant ? Ce n’est pas fini ! Ce n’est que le début et j’ai encore à apprendre, de toute façon on ne fini jamais d’apprendre.

Ma première idée c’est de m’investir pleinement aux côtés des Candidats qui se présenteront l’année prochaine car je sais toute l’importance que ça a. Ça passe aussi par continuer de réfléchir à tout ce qu’on peut mettre en place pour mieux guider les nouveaux Aides-Animateurs dans leur rôle comme un petit livret que William  a constituer et les intégrer à la préparation des ateliers. Leur proposer un CPM dédié que pour eux avec Stagiaires-Cobayes pour s’y entraîner…

Mon autre idée c’est aussi de réfléchir à plus d’ateliers et de méthodes adaptés aux Femmes et leur problématiques spécifiques. J’imagine que je suis bien placée pour donner mon avis sur la question et en tant qu’Animatrice officielle j’ai le sentiment que ma voix est entendue, je suis légitime!

Chacun de nous apportons notre ingrédient, le mien c’est l’humour d’abord mais aussi la « psycho-papouille ». Je pense qu’il est constructif de commencer par redonner de l’assurance en partant de ce qu’on sait faire pour aller vers ce que l’on doit encore apprendre. La gente féminine, dont je fais partie, m’enseigne ça mais ça s’applique à tout le monde. Nous sommes plus de Femmes à prendre le guidon. Ça se voit aussi à la CASIM où nous représentons à présent 20 % des Adhérents de la 77. Cette année nous avons été 2 CASIMirettes de la 77 et une de la 78 à être le tiercé gagnant, pourtant est-ce que j’aurais parié sur moi il y a quelques années ? Ensemble sur le podium, nous espérons bien inspirer d’autres vocations, que l’on soit un Homme, une Femme, grand ou petit, costaud ou pas. Grace à l’apprentissage de la maîtrise c’est possible !

J’aime bien l’idée aussi que bien que je sois une fille, moi aussi je peux avoir des …BIP…

4 Comments

  1. Très beau portrait, quelle persévérance et un beau soutien entre femmes !
    « Disjonction claviculaire » …. ce souvenir à l’épaule me dit quelque chose aussi ; ce serait pas obligatoire pour passer le CAMABC tout de même ?

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